Pleine lune dans le cimetière
Épisode 6
"Angoisse"
— Dans le cimetière ! s’exclama Océane.
— Ça ne m’étonne même pas de lui, ça, fit Lucas, résigné.
— Moi, ce que je retiens de son mail, intervint Martin, c’est qu’il veut qu’on suive ses traces. Il nous demande d’aller dans ce cimetière.
Chacun échangea un regard avec les autres. Personne ne cherchait à cacher son angoisse.
— Merde, souffla Maëva. Ça craint.
Émilie s’assit sur la souche et sortit le dossier de Noah. Elle le tint dans ses mains sans oser l’ouvrir.
— Vas-y, l’encouragea Lucas.
Tremblante, Émilie défit les élastiques. La pochette contenait beaucoup de documents. Des photos, des articles… Plusieurs feuilles où Noah avait écrit ses idées, ses remarques. Il y avait également une ébauche de plan et les premières lignes de l’article.
Des photocopies de pages de livre retraçaient les différentes légendes sur le cimetière.
— À quelle phase lunaire on est, en ce moment ? s’enquit Martin.
Océane pianota sur son téléphone.
— La nouvelle lune aura lieu à la fin de la semaine prochaine. La pleine lune à la fin du mois.
— Bon. Je crois que nous n’avons pas le choix. Noah est notre ami. Nous ne pouvons pas le laisser tomber.
— Non, tu as raison, approuva Lucas. Ça nous laisse quelques jours pour nous organiser. Apparemment, Noah nous dit qu’il se sentait suivi. Alors, je propose de nous séparer en deux groupes. Un qui ira dans le cimetière. L’autre qui restera en surveillance.
— Ça me va.
— Moi aussi.
— Et pas un mot à nos parents, la police ou les parents de Noah.
— Justement, il ne savait pas qui le suivait. Ou quoi…
— C’est que vous êtes vraiment sérieux. Moi, je suis morte de trouille.
— On ne t’oblige à rien, Maëva. Si tu préfères rester à l’écart, c’est ton droit.
— Merci.
Lucas avait toujours été ce qui s’apparentait à un chef pour le groupe. La tête pensante. Celui qui raisonnait les autres. Les calmait.
Comme à son habitude, il prit les choses en mains.
Aucun d’eux ne devait garder le dossier de Noah. Il ne devait pas être caché ou rangé dans un lieu connu et fréquenté par la bande.
Martin prit des photos du dossier et les envoya sur un cloud où ils pourraient tous accéder aux documents. Ainsi, si la police (par exemple) fouillait les portables, ils n’y trouveraient rien.
De même, tout serait échangé à l’oral. Aucun écrit. Rien qui mettrait un étranger dans la confidence.
— Ça ressemble à une opération d’espionnage, osa Océane. On ne voit ça que dans les films.
— Sauf que là, c’est la réalité. Noah a vraiment disparu.
— Ou il se cache, coupa Émilie. Rien n’indique qu’il a disparu. S’il s’est senti menacé, il s’est planqué.
— Elle n’a pas tort, approuva Martin.
— Ça ne change rien au plan. Pour le retrouver, nous devons suivre ses instructions.
— Qu’est-ce qu’on fait du dossier ?
— Qui a une idée ?
— On l’envoie par la poste à quelqu’un.
— Bonne idée. Qui serait l’heureux élu ?
— J’ai bien une suggestion, mais c’est à double tranchant…