Passions
(3ème partie)
Justin pénétra dans la cabane. Celle-ci avait bien changé depuis l’époque où il y venait en vacances !
Les moments qu’il avait préférés étaient ceux partagés avec ses amis.
Cette fois, il avait décidé d’y passer un mois, peut-être plus, dans la plus pure des solitudes.
La cabane était entourée d’une immense forêt. Le seul chemin qui y menait était un sentier de terre que seuls des tout-terrains pouvaient emprunter.
Pas très loin, un étang abritait une faune que Justin avait toujours aimée.
La nature.
Rien de tel pour se vider l’esprit et se ressourcer.
Toutefois, aujourd’hui, c’était l’inspiration qu’il venait chercher.
Il voulait écrire son prochain roman sans être embêté par la vie courante. Il avait laissé son téléphone portable chez lui, à Paris. Il n’était équipé que d’une ancienne machine à écrire, celle que ses grands-parents avaient utilisée.
Il avait pris quantité de rubans, de correcteurs et de feuilles. Il avait toute une valise de livres et de brochures de documentation. Tout ce dont il avait besoin pour son travail.
Dans cet endroit isolé, il n’y avait pas d’électricité. Alors, Justin ne pouvait pas compter sur la technologie moderne. Il n’aurait de nouvelles de personne et personne n’aurait de ses nouvelles. Cette idée n’était pas pour lui déplaire. Ses proches avaient le don de le déranger tout le temps pour un oui pour un non. Quand il n’avait rien à faire, c’était presque agréable. Quand il devait se concentrer, c’était problématique.
Il vérifia le poêle à bois, les réserves. Il pourra faire chauffer ses plats dessus sans aucun problème. L’eau lui serait fournie par l’étang.
Après avoir défait ses bagages et installé son espace de travail, Justin s’accorda le reste de la journée pour retrouver le bonheur d’être ici, dans la cabane, dans cette forêt.
Retrouver les odeurs, les bruits de la nature.
La dernière fois qu’il était venu ici, c’était avec ses amis. Leur quatuor s’était formé au collège et ils ne s’étaient jamais quittés.
La vie leur avait fait prendre des chemins différents. Néanmoins, ils se voyaient une fois par mois. C’était devenu un rituel auquel aucun d’eux n’aurait dérogé. Leur dernière réunion avait eu lieu la veille de son départ. La prochaine était prévue pour son retour.
Comme ils en avaient parcouru du chemin depuis la sixième ! D’adolescents, ils avaient grandi, avaient vécu leurs propres expériences. Ils étaient devenus des experts dans leurs métiers.
Allez, la nuit tombait. Il était temps de regagner la cabane.
Il dormit du sommeil du juste jusque tard dans la matinée. À son réveil, Justin se prépara un petit déjeuner et le prit depuis la porte d’entrée, observant les arbres et les oiseaux.
Ce qu’il aimait cet endroit !
Ensuite, il occupa le reste de la matinée à se promener dans les bois. Il fit le tour de l’étang et rejoignit son logement pour déjeuner.
Et enfin, il se mit au travail.
Décidé et inspiré, les premières lignes de son roman policier s’inscrivaient sur la feuille au rythme des touches.
Il sourit en songeant à la célèbre scène musicale des dactylos qui, dans un bel ensemble, tapaient, faisaient sonner la fin de ligne et rabattaient le chariot d’un seul geste.
Justin n’avait pas la même dextérité que ces femmes. Il se débrouillait pas mal, sans pour autant atteindre leur allure impressionnante.
Si rien ne venait entacher son inspiration, il devrait avoir bouclé son histoire dans un mois.