Je suis le Zêta
(extrait)
Alexandra quitta le Conseil après avoir discuté un moment avec l’hôtesse d’accueil.
Elle referma son manteau pour se protéger du froid et du vent et prit ensuite la direction de la station de métro.
— Excusez-moi !
L’archiviste se retourna et vit un homme s’approcher, grand, mince, cheveux grisonnants.
— Vous êtes bien Alexandra Moutin ?
— Oui, répondit l’intéressée, soudain suspicieuse.
Son interlocuteur n’était pas un lycan. Elle était persuadée de ne jamais l’avoir rencontré.
— Vous travaillez bien dans une bibliothèque installée dans ce bâtiment ?
Alexandra suivit la direction indiquée. Il désignait le Conseil.
— C’est exact.
Que voulait cet homme étrange ? Il semblait bien la connaître. La documentaliste l’étudia. L’attitude n’était pas menaçante. Sa louve restait calme. Toutefois, l’animal se tenait prêt à agir s’il devait défendre son côté humain.
— J’espérais vous trouver. Mais pardonnez-moi, je ne me suis pas présenté. Henry Chambler. Je suis historien.
Alexandra saisit la main tendue. La poigne était ferme, mais moite. Elle se retint de s’essuyer.
— Que peut faire la bibliothécaire que je suis pour vous ?
— Beaucoup. Je me suis laissé dire que vous faisiez des recherches sur la baronne de Fontenay.
Peu importait qui était cet homme, il était extrêmement bien renseigné sur elle et ses faits et gestes.
— Vous vous êtes rendue la semaine dernière au château. Vous avez eu accès à des pièces habituellement fermées.
Donc, ce serait quelqu’un parmi le personnel qui aurait vendu la mèche. Cela pouvait expliquer de nombreuses informations. Toutefois, comment avait-il su pour les archives du Conseil ?
— C’est exact.
— Vous allez vraiment me laisser entretenir la conversation ?
— C’est que je ne vois pas où vous voulez en venir.
— Je comprends. Je vais donc tenter d’être plus concis. Vous semblez parfaitement au fait de la vie de Mathilde de Fontenay. Plus que les guides du château, même ! Alors, je suis curieux. Quelles sont vos sources ? Pourquoi vous intéressez-vous autant à la baronne ?
— Mes sources sont très probablement les mêmes que les vôtres. Je ne saurais vous en dire plus à ce sujet. Quant au pourquoi, je trouve la vie de Mathilde de Fontenay passionnante. J’en profite pour en apprendre plus sur cette période de notre histoire.
— Passionnante ? Le choix du mot est intrigant.
Alexandra ne remarqua pas le véhicule qui s’arrêta juste à leur niveau.
— Besoin d’aide, Henry ?
La lycane aperçut alors le 4x4 noir aux vitres teintées. Instinctivement, elle recula.
— Ça va. Attends-moi.
L’historien se tourna vers Alexandra.
— Est-ce la vie de la baronne ou le trésor qu’elle cachait qui vous anime à ce point ?
Alexandra plissa les yeux. Il était vraiment trop bien renseigné.
— Sa vie.
— Vous avez aussi prononcé le nom de Géraud de Martissac. Que savez-vous de lui ?
L’instinct de la jeune femme lui disait de partir en courant. Pourtant, elle voulait savoir jusqu’où allaient les connaissances de son interlocuteur sur le monde lycan.