Erwan Jester

Raphaël entra dans la cellule et referma la porte.

Une faible lumière illuminait l’endroit. Sobrement meublé, Erwan Jester était allongé sur le lit, dans un coin. Celui-ci observa son visiteur d’un air las.

— Pitié… Je ne veux plus vivre comme ça.

— Qu’est-ce que tu entends par « comme ça » ?

Erwan reposa la tête sur son oreiller.

Raphaël eut un aperçu de ses blessures. Cependant, ce fut quand il sonda l’homme qu’il découvrit tout ce qui était caché.

— Notre Oméga n’est pas venue avec nous, elle t’aurait guéri rapidement. Elle sera là bientôt.

— Laisse-moi mourir.

— Si ce devait être au programme, la décision aurait été prise dès le départ, Erwan.

— Oui, c’est tellement mieux de voir un loup se faire torturer chaque jour et chaque nuit. Tu es content ? Tu as ce que tu voulais ?

— Et toi ? As-tu ce que tu voulais ? En dehors de la mort, bien sûr.

Le lycan étouffa un ricanement.

— Ce que je veux ? Ce n’est pas moi qui ai décidé de m’envoyer chez le vampire ! Pas moi non plus qui le laisse revenir chaque fois que l’envie lui prend.

— En effet, ce n’est pas ta décision. Moi, je n’ai fait que prendre les mesures nécessaires face à tes actes. Il fallait que tu serves d’exemple pour qu’un autre n’ait pas les mêmes idées que toi.

Attrapant la seule chaise disponible, Raphaël s’assit près du lycan.

— C’est bien toi, Erwan Jester, qui a livré des enfants innocents à un vampire ? C’est toujours toi qui as permis à ce même vampire de prendre ton fils. Ton propre fils, Erwan. Personne ne t’a imposé de le faire, n’est-ce pas ?

Non, personne d’autre que lui. Il ferma les yeux. Cette histoire remontait si loin maintenant !

Et pourtant, il y avait à peine deux ans. Plus ? Moins ? Comme le temps lui paraissait une notion abstraite !

Tout ce temps sans voir le jour. À ne même pas profiter d’une Pleine Lune ! Et c’était sans compter sur son loup ! La dernière fois qu’il avait pu se transformer était cette nuit juste avant son transfert en Chine.

— Le vampire. Les mines… C’est pour te faire réfléchir, Erwan.

— Comme si j’avais eu le temps de réfléchir chez…

Il n’arrivait même plus à prononcer son nom !

— Le vampire…

Raphaël se souvenait de l’état dans lequel se trouvait son interlocuteur lorsque Sanguinarius l’avait rendu. Les preuves régulières que l’Epsilon avait demandées étaient aussi parlantes.

— Sanguinarius ne viendra plus te voir. Je suis là pour ça.

— Je l’entends encore. Il me cherche. Il hurle dans les couloirs.

— Plus pour longtemps. Je te relaxe de cette sentence.

Erwan n’aurait su décrire ce qu’il ressentit aux paroles de Raphaël. Être enfin libéré de ce monstre !

— Et les mines ?

— Pour l’instant, rien ne change. Tu viens toi-même de dire que tu n’as pas réfléchi à tes actes. Regrettes-tu ce que tu as fait subir à ta compagne ? Du moins, ton ex-compagne. Léna est heureuse aujourd’hui et s’est laissée volontairement marquer.

— Pourrais-je un jour revoir Dylan ?

— Pour cela, il faut déjà que tu montres un changement. Tes amis Kyle et Johnny ont eu une seconde chance qu’ils ont su saisir. Aujourd’hui, ils ont réintégré la communauté. Tout ça, c’est aussi possible pour toi. Mais il faut que tu me prouves que c’est possible.

— Comment ? Dès le départ, les dés sont joués. Je suis coupable. Point barre.

— Madison et tes amis ont montré qu’ils méritaient leur nouvelle vie. Eux aussi sont coupables.

Est-ce que lui méritait la rédemption ?