Arrivée en Chine

Le jet atterrit sur une piste privée. Raphaël et Clément descendirent une fois l’appareil totalement arrêté.

Le comité d’accueil était là et semblait impatient.

— Epsilon, je ne savais pas que tu venais.

— Sanguinarius fait des siennes, si j’ai bien compris. Je devais être là.

— Il est dans une rage destructrice. La journée, il peut apparaître n’importe où dans les mines et terrifie les équipes. La nuit, il apparaît dehors et casse tout ce qu’il trouve en hurlant. Il réclame Jester.

— Sauf que le pauvre gars n’est même plus en état de se lever, intervint un autre lycan. Ce n’est pas que j’ai de la peine pour lui, bien au contraire. Ce type est insupportable. Toujours à se plaindre, à chercher à se défiler. Mais il ne mérite pas ce que le vampire lui a fait.

Clément échangea un regard avec son ami. Lorsqu’on l’avait appelé, les Chinois n’avaient pas caché la gravité de la situation. Néanmoins, c’était pire que les équipiers l’avaient imaginé.

— Ne traînons pas alors, conclut Raphaël.

Le trajet se passa en silence. L’Epsilon se félicita d’être venu.

Ils étaient partis seuls, comme à la grande époque de leur duo. Leurs compagnes et enfants étaient sous la protection de la Garde. Le convoi prendra la route d’ici quelques jours. Lilith voulait profiter encore un peu de son ancienne meute.

Adrian avait insisté pour venir. Il s’était vu chargé de la supervision du parcours.

— À quoi penses-tu ?

Clément ne répondit pas tout de suite. Il s’attarda près de la voiture et observait l’entrée de la mine.

— Aurais-tu peur de descendre ?

La Tau sourit largement en se tournant vers Raphaël.

— Le mot peur ne fait pas partie de mon vocabulaire.

Bien évidemment !

— Guide-nous voir Jester, fit l’Epsilon au responsable du site.

Sans hésiter, l’homme se dirigea vers l’entrée sombre.

— On entre dans la tanière du loup ? lança Clément.

— Espérons surtout qu’on ne se jette pas dans la gueule du loup !

— Voilà que tu fais de l’humour ! Mais où est Raphaël ? Rendez-moi mon ami !

L’intéressé secoua la tête, un sourire aux lèvres.

L’ascenseur les emmena plusieurs centaines de mètres sous terre. Les tunnels étaient aménagés sobrement. La vie y était bien organisée.

Le lycan parcourut les allées jusqu’à une série de portes closes.

— Jester dormait ici, avant. Vu la situation, on l’a changé de place. Il est là, derrière cette porte.

— Je vais le voir.

Ils n’avaient pas besoin de mots pour se comprendre. Clément attendrait à l’extérieur pendant que Raphaël discuterait avec Erwan Jester.

Une fois l’Epsilon entré, Clément se tourna vers ses hôtes.

— Donc, le suceur de sang peut apparaître n’importe où ici ?

— Oui. La dernière fois, c’était à l’étage supérieur. Mes hommes refusent d’y retourner. Seules les cellules sont privatisées. De fait, il ne peut pas y accéder.

— À quand remonte sa dernière visite ?

— Hier. Je t’ai appelé tout de suite après. J’ai peur qu’il finisse par tuer quelqu’un.

C’était à prévoir, en effet. Sanguinarius avait la réputation d’être imprévisible.

— À quelle fréquence vient-il ?

— Parfois plusieurs par jour ou par nuit. Parfois, on peut rester deux jours sans le voir. Jamais plus. Je suis étonné de ne pas l’avoir vu depuis des heures.

— On est prêt à l’accueillir, maintenant.