Pleine lune dans le cimetière
Épisode 9
"Panique"
Ni Lucas ni Martin ne répondaient au téléphone. Leur silence inquiétait les filles.
Au cours de la nuit, les garçons avaient approché (avaient été approchés, plutôt !) par des feux follets. Toutefois, étaient-ce bien cela ?
Dans son mail, Noah avait parlé de fantômes, d’esprits terrifiants. Pourtant, Lucas et Martin semblaient heureux en leur présence. Le spectacle était loin d’être effrayant. Bien au contraire ! C’était magnifique à voir.
Le trio d’amies ne parvenait pas à se concentrer sur leurs cours. Que s’était-il donc passé entre le dernier SMS de Lucas qui leur disait qu’il était rentré chez lui avec Martin et ce matin ?
— Noah disait qu’il se sentait suivi après avoir passé la nuit dans le cimetière, murmura Émilie. Et après, il a disparu.
— Et il y avait deux personnes hier qui sont venues.
— Où est la caméra ? fit Océane. Et si on nous la piquait pendant qu’on est au lycée ?
— Je l’ai mise en sécurité, confia Maëva. Je mets quiconque au défi de venir la voler.
— Mesdemoiselles ! Vous pouvez cesser vos bavardages ?
Elles se redressèrent, prises en faute, et prirent des notes jusqu’à la fin de l’heure.
Quand vint enfin la pause déjeuner, elles s’installèrent à l’écart pour mieux débattre de l’absence des adolescents. Si seulement elles avaient eu suffisamment de temps pour retourner en ville ! Elles auraient pu se rendre chez Lucas et Martin pour savoir s’ils allaient bien, s’ils étaient là.
Au lieu de cela, le trio devait attendre la fin de journée pour enfin chercher des nouvelles.
Elles avaient déjà tout préparé. Émilie irait chez Lucas, Maëva chez Martin et Océane filerait à la cabane. Leur plan impliquait de rester en contact permanent. Ainsi, si l’une d’elles avait un problème, les autres seraient au courant.
Chacune descendit à l’arrêt du bus correspondant.
Émilie prit la direction de la maison où habitait la famille de Lucas. Ce dernier résidait dans un quartier pavillonnaire que les parents de l’adolescente qualifiaient de dortoir. Donc, très calme en journée. Comme à cet instant.
La jeune fille habituellement insouciante se sentit soudain oppressée. Elle regarda autour d’elle. La rue était déserte. Pas la moindre voiture garée le long du trottoir ou dans les allées. Rien. Pas âme qui vive.
Ce qui n’avait rien d’exceptionnel. Émilie rit intérieurement. Cette histoire lui montait un peu trop à la tête ! Elle paniquait pour rien.
La demeure de Lucas se trouvait à l’angle du prochain croisement. Quand elle arriva, elle reconnut la voiture de la mère de son ami.
Océane passa chez elle en coup de vent et récupéra son vélo. Ensuite, elle pédala jusqu’à la cabane. Elle avait le parcours le plus long du trio et elle avait hâte de découvrir si ses amis étaient là-bas ou non. Elle l’espérait. Sinon, cela signifierait qu’ils auraient disparu, comme Noah.
— Il y a une explication, contredit Maëva depuis son téléphone. Il n’y a personne chez Martin. Je vais te rejoindre à la cabane.
— J’y serai dans dix minutes.
Elles entendaient Émilie discuter avec la mère de Lucas.
— Alors ? fit Océane quand la conversation s’acheva.
— Martin a dormi chez eux. Lucas et lui sont partis ce matin. Elle ne savait pas qu’ils n’étaient pas au lycée.
— Tu nous rejoins ?
— J’arrive. Je vais arriver tard, car je dois repasser chez moi. Je vais tenter de négocier le scoot de mon frère.
— OK. On t’attendra.
Océane annonça qu’elle arrivait à la cabane.
— Tu vois quelqu’un ?
— Pour l’instant, rien. Ça semble vide. S’ils sont là, ils sont venus à pieds.
Émilie entra chez elle, toujours en pleine discussion avec ses copines.
— Ah ! Chérie, te voilà, s’exclama sa mère. Lucas et Martin t’attendent.
Le silence se fit au téléphone. Toutes les trois avaient entendu.
— Ils sont là ?
Émilie se précipita dans la salle à manger. Les adolescents étaient assis sur le canapé.
— Rendez-vous à la maison, les filles. Et surtout, ne traînez pas en route.
— Je suis déjà partie ! s’écrièrent simultanément deux voix.