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Image de Nikola Johnny Mirkovic

Pleine lune dans le cimetière

Épisode 10
"Explications"

Émilie brancha le haut-parleur de son téléphone et le posa sur la table basse. Ensuite, elle s’installa dans le fauteuil, face à ses amis.

— On vous cherche partout ! s’exclama-t-elle en faisant attention à ne pas crier.

Sa mère n’était pas loin, probablement dans la cuisine.

— On est retourné au cimetière, aujourd’hui, déclara Lucas. On va tout raconter, mais quand les filles seront là.

— Océane arrivera en dernier, elle est à la cabane. Il lui faut le temps de revenir.

— Seule ? s’inquiéta Martin.

— Oui. Mais on est en communication. Là, elles vous entendent. Ainsi, s’il arrivait quelque chose à l’une de nous, les autres l’auraient su. Maëva est allée chez toi. J’ai discuté avec ta mère, Lucas.

— Chez moi ? reprit Martin. Mes parents sont en voyage jusqu’à demain. C’est pour ça que je suis resté chez Lucas cette nuit. Après ce qu’il s’est passé, je n’avais pas envie d’être seul.

Émilie ne dit rien, cependant, elle aurait agi exactement de la même manière. Déjà qu’en temps normal, elle flippait quand ses parents sortaient quelques heures le soir, elle n’imaginait même pas rester seule toute une nuit après leur expédition de la veille. D’ailleurs, seule dans sa chambre, elle n’avait pas beaucoup dormi.

Maëva mit à peine dix minutes pour rejoindre le trio.

Océane avait annoncé qu’elle prendrait les grands axes plutôt que les raccourcis sombres et déserts. Certes, cela rallongeait le trajet, toutefois, l’adolescente s’y sentait plus en sécurité. Elle déboula dans la maison au bout d’une demi-heure.

La mère d’Émilie commanda des pizzas et les laissa seuls.

— Ça ne la dérange pas qu’on soit tous là ? fit Maëva.

— Ça l’arrange. Elle va travailler pendant ce temps. Allez, maintenant, racontez-nous.

Lucas et Martin échangèrent un regard. Le second laissa la parole au premier. Après tout, Lucas était comme le chef de bande.

— Hier soir, c’était vraiment génial dans le cimetière. Ce qui volait autour de nous était magnifique.

— Oui, on aurait dit des fées !

— C’était des feux follets, intervint Maëva. On les voyait bien à la caméra.

— C’était bien plus que ça. Ça avait des ailes, un corps.

— Elles chantaient.

— Oui ! Une musique douce ! Elles dansaient autour de nous. Bien loin de ce que Noah nous a dit dans son mail. Il n’y avait rien de malsain, de mauvais dans ces créatures.

Son regard pétillait au souvenir de cet instant.

— Jusqu’à ce message nous prévenant de personnes en approche. Elles ne voulaient pas nous laisser partir.

— Et personnellement, je n’avais pas vraiment envie de partir, compléta Martin.

Dès qu’ils avaient franchi le mur, les garçons avaient constaté que les lumières ne pouvaient pas les suivre. Restées dans le cimetière, celles-ci s’énervaient de les voir s’éloigner. Puis, elles avaient soudainement disparu.

Les adolescents avaient décidé de se rendre à la cabane. Puis, devant le refus des filles, étaient rentrés chez Lucas.

Le lendemain, lorsqu’ils étaient sortis pour aller au lycée, ils avaient remarqué une voiture qui les suivait. Impossible qu’elle ait tourné trois fois comme eux, qu’elle ait fait demi-tour en même temps qu’eux.

— Je ne sais même plus comment nous l’avons semé, conclut Lucas. Nous avons filé au cimetière pour examiner les lieux en plein jour. Et nous voilà.

— J’espère que vous aurez une bonne excuse pour votre absence aujourd’hui, railla Océane.

— Et qu’avez-vous trouvé au cimetière ? s’intéressa Maëva.

Lucas et Martin se regardèrent en souriant.

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